Captain Morgan's Diary - Part II


Journal de bord du célèbre pirate, le Capitaine Morgan

Captain Morgan’s Last Ship’s Log


Partie II - Part II

Pirate diary - 18th Century ship's log and notebook of famous Scottish pirate Captain Morgan who ruled the seas and oceans for three decades - Pirate's diary by French artist Laure Guymont
Journal de bord du Capitaine Morgan - Captain Morgan's Diary

Qu’importe, que vienne la tempête !

What does it matter? May the Tempest come!

Captain Morgan's Diary: the Tempest rises bringing the Each Uisge a legendary character from the Scottish Folk and Myths by Artist Laure Guymont
L'Each Uisge menace du haut des vagues - The threatening Each Uisge assailing the waves


14 décembre 1776 - December, 14th 1776

    J’écris depuis le jour suivant les avaries que nous avons subies ce vendredi 13 décembre. Le jour même et la nuit qui s’ensuivit, il était impossible de songer à coucher les événements sur le papier. Le roulis et le chaos auraient désarçonné la moindre velléité. C'est donc au fait de ma mémoire que je me reporte.

    Précipités dans la tourmente, ainsi que je l’avais prévu et bien qu’ayant affalé les voiles, nous avalions lames et rafales sans répit, tenant nos postes coûte que coûte, lorsqu’elle arriva. Je la vis se dresser droit devant, énorme, lugubre. J’hurlai à l’équipage de se mettre à  l’abri, veillant à ce que l’on m’entendit. La déferlante s’écrasa sur le pont, emportant dans un fracas impossible notre grand-mât et les malchanceux qui n’avaient pas eu le temps de s’arrimer. Et tandis que je m’échinais à tenir la barre, parant à l’embardée, j’aperçus le borgne qui luttait, seul, sur le pont arrière pour se défaire du hauban, dans lequel il était empêtré. Les autres l’avaient abandonné à son sort, pour sauver leur peau !

    A l’autre bout du navire, Féroé surprit mon regard. Vérifiant de droite et de gauche que la voie était libre, il se dirigea vers le bosco. De ses mains puissantes comme un étau, il étrangla le traître, le libéra de son entrave et jeta le corps par-dessus le bastingage. Les membres pourris doivent être neutralisés, avant que la gangrène ne s’étende.

    J’ajoute aujourd’hui son nom, au registre des âmes payées à l’Each Uisge…


    I am writing one day after the losses we endured this Friday, December 13th. On the day itself and the following night it was impossible to even think of immortalising the events on paper. The chaos that reigned made any attempt delusive. I thus have to appeal to my shaken memory.


    Thrown harshly amidst the gale as I had foreseen and in spite of reducing the sails to the minimum, we fought against the terrible blast without respite, holding to our posts whatever the cost, when it came, gigantic, dismal. I shouted the crew to keep shelter, ensuring I would be heard well enough. The wave smashed the deck, tearing away the mainmast in an overwhelming roar, and casting to the furious waters the poor lads who did not have time to attach themselves securely. And while I strived to stay at the helm, I caught glimpse of “One Eye” who was battling alone at the rear to get himself loose from the cords that had imprisoned his limbs. The others had forsaken him, in order to save their own skin!


    At the front of the ship Faroe got my looks. Checking his right and his left to make sure the way was free he strolled in direction of the quartermaster. With his powerful hands he strangled the traitor, freed him from his bonds, and threw his corpse over the ship’s rail. Rotten limbs have to be cut off before gangrene spreads…


    I am adding his name today to the list of the souls paid to the EachUisge…

17 décembre 1776 - December 17th, 1776

    Le charpentier est parvenu, grâce au bois que nous avions embarqué, à réparer le grand-mât. La tempête a fait place à une bise appréciable par ces chaleurs suffocantes. Nous en profitons pour tenter de sécher, bon an mal an, hardes et paillasses. Depuis notre départ, les hommes macèrent dans une humidité constante, ce qui cause chez certains des plaies hideuses et suppurantes, que le sel omniprésent, contribue à creuser encore.

Journal de bord du Capitaine Morgan : L'Abbaye d'Iona sur l'île d'Iona Highlands Ecosse – peinture à la gouache par Laure Guymont
Abbaye d'Iona Ecosse - Iona Abbey Scotland

    La thériaque des moines d’Iona donne de bons résultats. J’acquiers cette occulte mixture, à chaque nouveau départ, lors d’une escale que je ne manque jamais de faire sur l’île. Les moines qui subsistent encore, malgré la réforme, ont une dette envers ma famille. Mon ancêtre Seumas Morgan, les protégea des persécutions, moyennant quelques promesses, scellées dans le sang... Lors que la lignée des Morgan existera et que l’ordre survivra, les Bénédictins remettront à chaque descendant, son quota d’élixirs précieux…

    Thanks to the logs embarked at Wick harbour, the carpenter managed to repair the mainmast. With the tempest wasting away, a cool North wind started to blow, relieving a bit the suffocating heat. We took the opportunity to get our clothes and covers to dry for since we left, my men fellows have been macerating in constant humidity causing to some, especially on the limbs ugly seeping wounds, that the salty atmosphere tends to worsen…

    Iona’s Monks’ Theriaca gives good results though. On each of my journeys, I would arrange a stop at the Isle of Iona in order to procure a few gallons of this secret mixture. The monks that still live there, in spite of the reformation are indebted to my family. My ancestor Seumas Morgan protected them against the persecutions, in exchange of a few personal favours, sealed in blood…

    Until the lineage of the Morgan is extinct and the religious order survives, the Benedictines of Iona will endeavour to provide to any of the family representative, his quota of precious elixir...


18 décembre 1776 - December 18th, 1776

    J’ai le sentiment que le pot-au-noir nous suit. Lorsque nous sommes sortis de l’ouragan, il y a quatre jours, j’ai cru que nous l’avions vaincu. A présent je doute. Je le sens, tout autour de nous. Il est des boucaniers qui racontent avoir connu des navires restés prisonniers, des navires que l’on a jamais revus…


    I get the feeling the doldrums are chasing us… When we strove out of the hurricane four days ago, I believed we’d defeated it. Now doubts are slowly crawling over my mind… I sense they are all around ready to trap us. I know of some buccaneers who tell the tale of stranded ships that stayed imprisoned in their nets and were never to be seen again…

20 décembre 1776 - December 20th, 1776

    Ce que je redoutais, d’une certaine manière s’est produit. Prisonniers, nous le sommes bel et bien. Au Nord et à l’Est, les orages grondent, je les entends. Au Sud et à l’Ouest, des alizés contraires nous retiennent, dans cet espace improbable où tout semble s’être arrêté. Les vents sont tombés, brusquement. Le soleil nous brûle la peau et déclenche les délires de l’équipage.

    A cette heure, l’eau que nous transportons est entièrement souillée. Il ne subsiste pas un tonneau qui n’ait été contaminé par des cadavres ou des déjections de rats. Et pourtant Alistair ne chôme pas. Nous aurions dû embarquer une femelle avec lui, ainsi la petite famille qu’elle n’aurait pas tardé à engendrer, serait venue à bout des nuisances. Mais les hommes ont peur des femelles, quelle que soit l’espèce dont elles sont issues… Elles portent l’œil, disent-ils.

    L’eau qui s’est invitée en cales, durant la tempête, ne peut être complètement évacuée. Elle a fort croupi et répand des odeurs pestilentielles. Une partie a dû d’ailleurs s’infiltrer dans les tonneaux de provisions. La viande salée est véreuse et les biscuits, pour la plupart ne sont plus que poudre infecte, dont même les rats ne veulent pas…

   Nous avons quitté le port de Wick il y a soixante-et-onze jours et malgré les morts, nous allons devoir restreindre les rations.


    What I feared finally happened, in a certain way. Prisoners we are for good! North and East, storms are roaring so loud that I can hear them from a distance. South and West, contrary winds are holding us still in this improbable space, where time and life seem to have vanished.

    Winds have abruptly stopped. Merciless sun is burning our skins, overheating some to delirium…
    At this time, the barrels of water we carry have all been soiled. Not one barrel is left uncontaminated with either the corpses or dejections of rats, even though our brave Alistair doesn’t spare his endeavours. We should have brought a female with him on board, thus the little family she would have quickly engendered would have got us rid of the rodents. But seamen fear women, whatever their species… Females on board bear the evil eye they say…

    The water that seeped into the hold during the tempest cannot be entirely cleared out. It stagnates and spreads pestilent smell everywhere. Some of it must have also impregnated the barrels of food. The salted meat is wormy and the remaining biscuits have been reduced into such sour powder that even the rats won’t eat it!


    We left Wick harbour seventy-one days ago and in spite of the numerous dead we already count we are compelled to reduce the rations of food to a minimum.


Playlist : Alestorm "No Grave but the Sea", Be'Lakor "Vessels"

Bientôt la fin de l'histoire...